Ekpokope, 15 kilomètres pour de l’eau potable

Aissetou, commerçante, originaire de Dapang, et Jeannette, 25 ans, qui va au Ghana deux fois par semaine pour acheter du poisson et le revendre, habitent toutes deux Ekpokope. Ce village de 625 habitants est situé dans le canton d’Azakpa, préfecture d’Agou, dans l’Ouest du Togo, à proximité du village d’Agotimé-Vakpo où l’association Terre d’Echanges mène un projet d’accès à l’eau potable depuis maintenant trois ans (région des Plateaux).

Trois professeurs payés par l’Etat sur les six que compte l’école

Comme la majorité des habitants d’Ekpokope, Jeannette et Aissetou vivent essentiellement de l’agriculture (plus de 50 hectares de champs). Ainsi que de la revente de poissons achetés au Ghana, à 18 km de là. Elles ne savent pas exactement combien leur rapporte leur exploitation chaque année. Leur seul repère étant le paiement des frais de scolarité de leurs enfants : Jeannette en a deux, Aissetou huit. Si elles ont assez d’argent pour financer leur scolarité, c’est une bonne année. Autrement, non. Ces frais s’élèvent à 2000 XOF (francs CFA) par élève, dans un pays où la gratuité de l’école est soi-disant assurée par le gouvernement. Et pour cause, seuls trois professeurs sont payés par l’Etat (en plus du directeur) sur les six professeurs que compte l’école primaire. L’école compte 370 élèves, venant d’Ekpokope et son village voisin.

Jeannette se rend au Ghana deux fois par semaine pour acheter du poisson qu’elle revend sur la route d’Amouzou Gobé.

Une fois les élèves passés par l’école primaire, les familles qui peuvent se le permettre financièrement envoient leurs enfants au collège. Il est situé à 20 km du village (10 300 XOF par an par élève). Véritablement livrés à eux-mêmes, les élèves doivent alors apprendre à se débrouiller par leurs propres moyens. Ils doivent notamment se préparer à manger tout seul, dès 12 ans, en plus d’habiter loin de leurs parents. Et finissent très souvent par abandonner en chemin pour retourner au village, aider leur famille à travailler au champ.

1400 XOF les 20 poches d’un demi-litre d’eau

Pour ce qui est de l’accès à l’eau, Ekpokope ne dispose, à l’heure actuelle, d’aucun puits. Le village a installé une rétention d’eau, inexploitable en saison sèche, en raison de la présence de boue. Et qui draine de l’eau non potable le reste de l’année. L’unique solution qui s’offre aux habitants pour consommer de l’eau potable est d’aller en acheter. On en vend par sachets de 50 cl, sur la route d’Amoussou Kopé, à 15 kilomètres de là. Le prix ? 1400 XOF (2 €) les 20 poches d’un demi-litre. Il faut plusieurs sachets de 20 poches d’eau par semaine pour subvenir aux besoins d’une famille.

Terre d’Echanges a l’intention d’aider les habitants du village d’Ekpokope à accéder à l’eau. Le forage de notre association le plus proche se trouve à 5 km du village. Trop loin pour mettre en place des canalisations. L’idée est donc d’équiper leurs habitations de gouttières, dans un premier temps, pour qu’ils puissent récupérer l’eau de pluie. Avant de lancer un projet de forage pour construire un puits propre au village, dans les années à venir. En complément, Terre d’échanges souhaite mettre en place un certain nombre de formations dans le village. Objectif : apprendre aux villageois à gérer leur exploitation. Autre projet à moyen terme : leur proposer de cultiver plusieurs produits à forte valeur ajoutée, pour aider les habitants à se distinguer des autres villages, pour, à terme, leur proposer un système de vente bien rodé.

L. B.

Terre d'Echanges

Terre d'Echanges, association de solidarité internationale reconnue d'intérêt général, favorise le vivre-ensemble à Poitiers et encourage le développement au Togo.